Origines.

Le site des racines de la foi catholique.

-----

Méditation

[RP H. BENOIT, Retraite d'entrée en Avent, 19]

"Veillez, c'est à l'heure où vous n'y penserez pas, que le Fils de l'homme viendra." Telle est la signification de l'Avent. Il nous faut veiller en silence dans la nuit, comme le firent Abraham, Elie, les prophètes, les mages, les bergers…

Veillez pour renoncer au sommeil de la nuit, pour vous consacrer à une autre activité, pour attendre l'événement de votre vie : Jésus veut venir dans votre âme, sans trompette, mais dans la nuit et dans le silence. Sortez de la torpeur du sommeil pour l'accueillir, le Verbe, qui vous parle dans le silence. Entrez dans la nuit pour le rencontrer, comme la graine s'enfouit dans la terre avant de germer.

Dieu, en sa nativité, dans son approche attentive et amoureuse de chaque homme, se met à la portée de son entendement : il adopte la loi universelle de la nature, de la création dont il est l'auteur pour se faire l'une de ses créatures.

Le mystère du salut s'attend, la veille est la réponse de l'homme à son Dieu pour en accueillir la Parole, le Verbe, pour qu'il s'incarne.

"Veillez, le Seigneur vient".

La veille est la métaphore de la vie du chrétien, tandis que le sommeil est celle du péché. Depuis Adam, nous sommes engourdis par le péché, comme l'est l'homme accablé de sommeil. La veille est donc une façon d'être, un bouleversement de nos habitudes. Jésus nous propose de nous arracher au péché, à nous d'y apporter une réponse. On ne peut la repousser indéfiniment, viendra le jour ultime où chacun devra définitivement y répondre.

Pour cela, il faut se réveiller, sortir de sa torpeur ; faire mémoire de l'appel qui nous a été adressé un jour. Le réveil, cette réponse à l'appel, nous fait sortir du sommeil, nous met à part, à côté. Il nous fait marcher en Sa présence. Comme Samuel, nous avons à répondre à l'appel que Dieu nous adresse dans notre sommeil. Cela nous réveille. Répondrons-nous "Parle Seigneur, ton serviteur écoute !"

Réveillés, et pour un temps attentifs à sa Parole, il nous faut rester éveillés, vigilants. L'oraison et la lectio divina sont deux moyens privilégiés de rester en Sa présence, à son écoute : attention à Dieu, elles nous conduisent à sa connaissance. Non pas à celle des gnostiques, mais à la connaissance du cœur, à la science de la foi. Non pas celle qui nous permet de dire qui est Dieu, lui l'indicible, mais celle qui nous permet de dire qui il n'est pas.

"Vous ne connaissez pas le jour [ la nuit ] où votre Seigneur viendra".

La nuit est nécessaire pour se désapproprier de soi-même et marcher dans la seule présence, dans la seule confiance de Dieu. Les nuits bibliques ont toutes ce sens là : la nuit, Jacob se bat contre Dieu ; la nuit, Israël sort d'Egypte ; la nuit, Jésus vient au monde ; la nuit, il ressuscite.

Elle est abandon des liens du passé, abandon de soi-même. Dans la nuit de Noël, jésus s'abandonne à sa mère, dans la nuit abandonnons-nous à Dieu ; cela peut même supposer de quitter ce que Dieu nous avait demandé auparavant ; cela peut même être la stérilité apparente d'un ministère ; cela peut même être la nuit de la foi, la sécheresse de la prière. "Marche en Ma présence, va dans le pays que je t'indiquerai" dit-il à Abram ; "Viens, suis-moi !" dit-il à chacun de ses disciples.

La nuit est la condition de la vie chrétienne, il faut y passer pour trouver la présence de Dieu et demeurer en sa présence.

La nuit est silencieuse. Elle révèle le mystère gardé dans le silence durant des temps éternels (Rm 16, 25). Il peut paraître paradoxal de parler du silence, lui qui est muet. Mais il s'agit d'avoir, d'être, un esprit de silence, de faire le vide nécessaire à l'accueil de la Parole de Dieu, le Verbe incarné (1R 19, 11-13).

Le silence est le frère de l'humilité : Dieu se fait petit enfant, incapable de parler, lui le Verbe. Celui qui doit annoncer la parole ne doit pas se taire, car sinon comment pourrait-il annoncer son message ? Mais il doit faire taire ce qui vient de lui, pour mesurer le verbe éternel qui parle en lui, car le Verbe, lui le créateur, agit bien mieux que nos mots malhabiles et inutiles - Il dit, cela fut. (Gn 1, 3-25).