Origines.

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Le Mercredi des Cendres.

 

Structure

La liturgie de ce jour est avant tout une célébration pénitentielle. Aussi n’est-il pas indispensable que la proclamation de la Parole et l’imposition des cendres se prolongent dans la célébration de l’Eucharistie. Une liturgie communautaire du sacrement de la Pénitence constituerait une excellente entré en Carême.

On notera cependant que la célébration d’une eucharistie ce jour-là est d’origine très ancienne, et que la célébration pénitentielle communautaire, très ancienne elle aussi, ne supprime en aucun cas la nécessité d’une confession individuelle de ses fautes.

Antienne d'ouverture :

Pas de rite pénitentiel.

Pas de Gloria.

Oraison :

Liturgie de la parole : Commune aux trois années, avec deux lectures.

Rite de l’imposition des cendres.

Oraison sur les offrandes :

Préface : au propre ( Carême IV )

Antienne de communion :

Oraison finale :

Historique

Les anciens ont connu des autels des cendres, résidu sacré de la combustion des offrandes ou victimes immolées. Le focus, " foyer, âtre ", était le lieu désigné pour les libations et les sacrifices du culte domestique. On n'en signale de nos jours que de rares survivances. Chez les Juifs, la cendre fut le symbole de la pénitence, de la tristesse et du deuil, une marque sensible et très populaire de toutes les douleurs privées et publiques.

L’imposition des cendres fut autrefois, dans l’Eglise latine, le rite initial de la pénitence publique. La cérémonie, tombée en désuétude depuis les X°-XI° siècles, avait lieu au premier jour du carême après le chant de sexte. Les pénitents, qui s’étaient réunis vers la troisième heure dans la cathédrale, recouverts de vils vêtements, pieds nus et la tête basse, y avaient reçu publiquement une pénitence proportionnée à leurs fautes, puis étaient sortis et demeuraient devant la porte de l’église. Si les péchés étaient graves et publiques, on recevait une pénitence publique dont on devait s’acquitter avant le Jeudi saint où l’on était réconcilié avec l’Eglise en méditation de Gn 3, 17-24. Y étaient associés :

Le pontife arrivait ; il se paraît de la chape violette et bénissait les cendres qu’on lui présentait, puis il se rendait au milieu de l’édifice. Là, les pénitents, avec larmes, venaient se prosterner et l’évêque leur imposait des cendres sur la tête, en disant à chacun : " Souviens-toi, homme, que tu es cendre et que tu retourneras en cendre. Fais pénitence pour avoir la vie éternelle ".

Ce dernier rite, le plus récent de la cérémonie, a seul survécu de toute la discipline pénitentielle. Très vite il devint commun à tous les chrétiens sans exception à partir du X° siècle et le synode du Bénévent de 1091. Celui-ci déclarait alors : " Le mercredi des Cendres, tous les clercs, laïcs hommes et femmes recevront les cendres ".

Parallèlement à ce rite des Pénitents, on a vu surgir un Carême des fidèles. Depuis le IV° siècle, on se rassemblait le mercredi en tête du Carême pour l’Eucharistie – première attestation de la célébration eucharistique en semaine – et l’on s’engageait à se rassembler pendant le Carême pour la prière et à s’entraider dans la conversion.

Les deux célébrations sont jumelées au X° siècle. Après une imposition des cendres, on partait en procession célébrer l’Eucharistie. Les deux rites devaient être célébrés séparément jusqu’en 1969 – hormis la procession abandonnée par Pie V – quand Paul VI introduit l’imposition des cendres dans la messe après l’homélie.

Spiritualité

Le Carême est le seul temps liturgique commençant un jour de la semaine, célébration solennelle et jour de jeûne : le mercredi des Cendres. Les trois jours suivants prolongent l’entrée en Carême en développant l’esprit avec lequel nous y entrons et selon lequel nous devons accomplir les œuvres de Carême.

Ces thèmes seront repris dans chacun des deux premiers dimanches de Carême.

Le seuil du Carême est franchi avec le mercredi des Cendres. Les trois jours suivants sont un porche où on se rassemble, " en attendant les retardataires ". La grande entrée est le premier dimanche de Carême.

Conformément à ses origines, le rite de la bénédiction et de l'imposition des cendres avait lieu, jusqu'en 1970, avant le début de la messe. Dans le nouveau Missel on a voulu qu'il prenne place au terme d'une liturgie de la parole, que celle-ci soit suivie ou non de l'eucharistie. Il s'agit donc d'une célébration pénitentielle.

Pour les lectures, après l'appel de Joël à une démarche communautaire de pénitence (Joël 2, 12-18), vient l'invitation que saint Paul adresse aux chrétiens de se laisser réconcilier avec Dieu (2Co 5, 20-6, 2). On écoute ensuite l'enseignement de Jésus sur la manière dont ses disciples doivent faire l'aumône, prier et jeûner (Mt 6, 1-18).

Depuis son entrée en usage, l'imposition des cendres se faisait avec la formule de la Genèse : " Souviens-toi que tu es poussière" (Gn 3,19). On peut désormais dire à la place les paroles du Seigneur : "Convertissez-vous et croyez à l'Evangile" (Mc 1, 15). L'appel à la conversion, qui avait déjà retenti avec Joël, se substitue à la considération du caractère mortel de l'homme.

Commentaire des textes

Evangile [ Mt 6, 1-18 ]

L’aumône, la prière et le jeûne – dans cet ordre là – doivent fait dans un esprit joyeux dans le but de la conversion intérieure et l’attente de la Pâque. Il ne s’agit pas d’une action morale dont on doit s’acquitter devant les hommes – origines historiques – mais d’un culte envers Dieu.

1° Lecture [ Jl 2, 12-18 ]

Notre démarche est celle d’un retour vers Dieu dans le jeûne et la pénitence avec la certitude du pardon de Dieu, qui est miséricorde ( cf. A1 ). Cette démarche est communautaire et pas seulement personnelle.

Psaume 50

C’est le psaume de la confession des péchés et de la demande des pardons. Conscient de son indigence et de son inclination à faire le mal, l’homme demande à Dieu son secours pour le transformer (cœur nouveau, esprit nouveau). La lecture chrétienne de ce psaume y voit la demande d’un cœur et d’un esprit de fils de Dieu.

2° Lecture [ 2Co 5, 20 – 6, 2 ]

La médiation du Christ et de l’Eglise permettent de se laisser réconcilier avec Dieu. Nous regardons déjà vers le " jour du Salut ".

Commentaire des oraisons

Antienne d'ouverture :

Dieu aime toutes ses créatures, même quand elles sont pécheresses. Sa tendresse pardonne en invitant à la pénitence : c’est en cela que l’on reconnaît qu’il est Dieu ; c’est en cela que nous le confessons comme notre Dieu.

Oraison :

Les termes de l’oraison latine sont empruntés au vocabulaire militaire : nous prenons des forces dans cette liturgie et dans le Carême en vue du combat spirituel. C’est en notre Seigneur Jésus Christ que nous trouvons ces forces.

Bénédiction des cendres :

Le temps qui s’ouvre aujourd’hui n’a d’autre objectif que la joie et la gloire de la Résurrection : nous voulons y participer en nous convertissant dans la persévérance et la pénitence.

Oraison sur les offrandes :

Notre démarche de pénitence dans le jeûne et l’aumône à pour but de nous détourner de nous-mêmes et de nos égoïsmes, détournement qui seul peut nous permettre d’être purifiés de nos fautes.

L’impact de notre démarche est d’autant plus grand que nous demandons ces fruits dans l’offrande du sacrifice du Fils bien-aimé.

Préface :

Le sens de notre Carême est :

Le Carême est la part que l’homme apporte – c’est son offrande – au sacrifice du Christ pour jouir des grâces de l’Eucharistie.

Telles sont les grâces de chaque Eucharistie, mais pendant le Carême, l’accent y est plus marqué dans la pénitence de chacun et de la communauté.

Oraison finale :

Le jeûne qui plaît à Dieu, c’est un esprit brisé et broyé ; c’est aussi que nous soyons des adorateurs en esprit et en vérité. Nous associons nos œuvres de Carême à la communion afin de guérir de nos fautes.

Commentaire de l'office :

 

Laudes

Vêpres

Psaume

Ps 107

Porte-nous secours dans l’épreuve, néant le salut qui vient des hommes ! Avec Dieu nous ferons des prouesses, et lui piétinera nos oppresseurs !

Ps 138-I

Tu me scrutes, Seigneur, et tu sais ! De très loin tu pénètres mes pensées.

Ps 145

Heureux qui s’appuie sur le Dieu de Jacob, qui met son espoir dans le Seigneur son Dieu.

Ps 138-II

Scrute-moi, mon Dieu, tu sauras ma pensée ; éprouve-moi, tu connaîtras mon cœur.

Vois si je prends le chemin des idoles, et conduis-moi sur le chemin d’éternité.

Cantique

Is 61-62

Tu sera une couronne brillante dans la main du Seigneur, un diadème royal entre les doigts de ton Dieu.

Col 1

Nous arrachant à la puissance des ténèbres, il a fait la paix pour tous les êtres sur la terre et dans le ciel : tout est réconcilié dans le Christ.

( cf. L2 )

Capitule

Dt, 7, 6.8-9

Il est le Dieu fidèle qui garde son Alliance ; son amour pour mille générations à ceux qui l’aiment et gardent se commandements.

Ph 2, 12-15

C’est l’action de Dieu qui produit en vous la volonté et l’action, parce qu’il veut votre bien.

 

Textes liturgiques

Préface

Vraiment, il est juste et bon de te rendre gloire,

de t'offrir notre action de grâce, toujours et en tout lieu,

à toi, Père très saint, Dieu éternel et tout-puissant.

Car tu veux, par notre jeûne et nos privations,

réprimer nos penchants mauvais,

élever nos esprits,

nous donner la force

et enfin la récompense, par le Christ, notre Seigneur.

Par lui, avec les anges et tous les saints,

nous chantons l’hymne de ta gloire,

et sans fin nous proclamons : Saint'...

 

Collecte

Accorde-nous, Seigneur, de savoir commencer saintement, par une journée de jeûne, notre entraînement au combat spirituel : que nos privations nous rendent plus forts pour lutter contre l’esprit du mal.

Par Jésus Christ.

Bénédiction des cendres

Seigneur notre Dieu, toi qui aimes pardonner à ceux qui s’humilient et veulent réparer leurs torts, prête l’oreille à nos prières ; en ta bonté, répands sur tes serviteurs qui vont recevoir les cendres la grâce de ta bénédiction : par leur fidélité à ce temps de pénitence, qu’ils parviennent avec une âme purifiée à la célébration de la Pâque de ton Fils.

Lui qui.

Ou bien

Seigneur notre Dieu, toi qui ne veux pas la mort du pécheur mais sa conversion, dans ta bonté, exauce notre prière ; bénis les cendres dont nous serons marqués, nous qui venons de la terre et devons retourner à la terre. En nous appliquant à observer le Carême, puissions-nous obtenir le pardon de nos péchés et vivre de la vie nouvelle à l’image de ton Fils.

Lui qui.

Oraison sur les offrandes

En t’offrant en début du Carême, cette Eucharistie, nous te supplions, Seigneur : inspire-nous des actes de pénitence et de charité qui nous détournent de nous-mêmes, afin que, purifiés de nos fautes, nous puissions mieux nous unir à la passion de ton Fils.

Lui qui.

Oraison après la communion

Que cette communion, Seigneur, nous ouvre à la justice et à la charité, pour que nous observions le seul jeûne que tu aimes et qui mène à notre guérison.

Par Jésus.

Approfondissement