Origines.
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Le Triduum pascal.
L'expression Triduum pascal n'est pas antérieure aux années 1930. Elle devait être entérinée officiellement en 1969 avec la rénovation des normes de l'année liturgique. Mais, dès la fin du IV° siècle, saint Ambroise parlait du triduum sacrum dans lequel le Christ et passus est, et requievit, et resurrexit. Peu après, saint Augustin évoquait le sacratissimum triduum crucifixi, sepulti et ressuscitati. Pour Ambroise il y a parallèle entre le jour de la Passion et celui de la Résurrection, le premier, jour d'amertume, le second, jour de liesse. Alors que saint Léon le Grand continuera à parler, dans la nuit sainte, de la paschalis festivitas, du sacramentum paschale, on assiste à l'éclatement et au morcellement de la célébration mystérique de la Pâque. Sans doute la célébration du vendredi saint n'introduisait-elle pas une innovation liturgique majeure, puisque chaque vendredi, comme chaque mercredi, comportait une assemblée avec ou sans eucharistie. Il était tout naturel que, le vendredi du jeûne pascal, les lectures fussent ordonnées autour de la Passion du Seigneur. Mais bientôt allaient apparaître la messe du jeudi soir in Cena Domini et la seconde messe du dimanche de Pâques, puis les vêpres pascales clôturant le triduum.
Origine et évolution du triduum pascal.
Le triduum pascal s'enracine dans la liturgie de l'Eglise de Jérusalem. Il était normal que, dans le cadre topographique de la Passion, on voulût revivre l'Évangile au lieu et à l'heure où s'étaient déroulés les événements sauveurs, comme en témoigne Egérie dans son journal de voyage en 381-384. Une telle célébration pérégrinante n'avait pas la prétention de se substituer à la célébration sacramentelle de la Passion - Résurrection de la nuit sainte, que les Catéchèses de Cyrille et les Catéchèses mystagogiques hiérosolymitaines mettent dans une vive lumière. Sans doute ne faut-il pas sous-estimer aussi, à l'origine de la célébration liturgique du triduum pascal, l'influence de la réaction anti-arienne, qui attira la piété des fidèles vers la personne de Jésus, le Fils de Dieu et le Fils de Marie.
Le jeudi saint.
La journée du jeudi saint appartient à deux temps liturgiques différents : jusqu'à l'heure de Vêpres elle est le dernier jour du carême ; avec la Messe du soir in Cena Domini elle ouvre le triduum pascal. Aussi traitera-t-on de la consécration des Saintes Huiles dans la section relative au carême.
Aux origines.
La Messe in Cena Domini est attestée à Jérusalem au temps d'Égérie. On célèbre, dit-elle, deux messes en ce jeudi : l'une au milieu de l'après-midi dans la basilique du Martyrium, puis l'autre, aussitôt après, au Calvaire, "où tout le monde communie". La première était la messe quadragésimale de clôture du jeûne, la seconde, célébrée exceptionnellement au pied de la Croix, commémorait l'institution du sacrifice eucharistique.
De nombreuses Églises d'Occident connaissaient, à la fin du IV° siècle, cette double eucharistie du jeudi saint et les heures de célébration variaient selon les traditions. Au dire de saint Augustin, en Afrique, certains célébraient la messe le jeudi matin, pour permettre à ceux qui le désiraient de rompre le jeûne après avoir pris le bain pascal ; d'autres le faisaient l'après-midi à l'heure habituelle des jours du carême ; d'autres encore le soir, et même certains la célébraient après le souper pour imiter de plus près la Cène du Seigneur. Augustin ne veut condamner aucune de ces pratiques, même s'il estime personnellement ne pouvoir enfreindre la loi du jeûne eucharistique.
A Rome au VII° siècle.
A Rome, au IV° siècle, le jeudi saint était avant tout le jour de la réconciliation des pénitents, comme en témoigne saint Jérôme, et il n'était pas question de la messe in Cena Domini. Au milieu du V° siècle, saint Léon le Grand n'y fait encore aucune allusion.
Au VI° siècle, la situation a évolué. Dans les églises desservies par des prêtres on trouve deux messes, celle du matin clôturant le jeûne du carême et celle du soir en mémoire de la Cène. Au Latran, le pape célèbre à midi la Messe In Cena Domini au cours de laquelle il consacre le Chrême et bénit l'huile des malades et l'huile d'exorcisme. Cette messe commémorative de la Cène, comme d'ailleurs celle que célèbrent les prêtres le soir, ne comporte pas de liturgie de la Parole. Elle commence avec l'offertoire. Le Sacramentaire gélasien devait réunir les deux traditions papale et presbytérale, en offrant trois messes pour le jeudi saint, celles de la réconciliation des pénitents, de la confection du Chrême et du mémorial de la Cène. Cette dernière commençait toujours avec la prière sur les offrandes. Ajoutons qu'en ce jour le pape lavait les pieds de ses familiers et que chaque clerc en faisait autant dans sa propre maison. On continuait enfin, comme aux siècles précédents, à célébrer la réconciliation des pénitents.
Évolution ultérieure.
En Gaule, on fêtait dès le V° siècle, au soir du jeudi saint, le Natale Calicis, après avoir dit une messe matinale. Quand, à la fin du VIII° siècle, la liturgie romaine eut supplanté les usages locaux, l'unique messe du sacramentaire papal s'imposa, après avoir été dotée entre temps d'une prière d'ouverture et des deux lectures destinées à se perpétuer jusqu'à nos jours. Dans les cathédrales, la confection du Chrême et la bénédiction des huiles y prenaient place.
L'heure de la célébration de cette messe unique allait varier au cours des siècles entre la troisième et la neuvième heure, jusqu'à ce que l'interdiction d'offrir le sacrifice après midi par saint Pie V imposât la célébration matinale. Désormais toute la journée du jeudi faisait partie du triduum sacrum avec pour conséquence l'éviction du jour de Pâques, contrairement a la tradition théologique et liturgique de l'Église ancienne.
Le vendredi saint.
Aux origines.
C'est à Jérusalem qu'on trouve, à la fin du IV° siècle, le premier témoignage sur la célébration liturgique du vendredi saint. Selon le récit très vivant qu'en a laissé Égérie, il s'agit d'une journée consacrée intégralement à une prière itinérante, qui conduit les fidèles, le jeudi soir, du Mont des Oliviers à Gethsémani, puis, le vendredi, du Cénacle (où l'on vénérait la colonne de la flagellation) au Golgotha. Là l'évêque présente le bois de la Croix à la vénération du peuple. Chaque station comporte lecture des prophéties de la Passion et des évangiles, chant des psaumes et prières.
A Rome au VII° siècle.
Les plus anciens témoins de la liturgie du vendredi saint à Rome sont le Sacramentaire grégorien et l'évangéliaire du milieu du VII siècle. L'évangéliaire indique la lecture de la Passion selon saint Jean et le sacramentaire donne le texte de l'Oratio fidelium qui est faite dans la basilique Sainte – Croix – en - Jérusalem. Il semble bien que la liturgie papale devait alors se contenter des lectures bibliques suivies de la prière universelle.
A la même époque, le sacramentaire des églises presbytérales présente un office plus populaire. On commence par exposer la Croix sur l'autel, puis se déroule la liturgie de la parole, identique à celle de la liturgie papale. Celle-ci achevée, les diacres vont chercher le Corps et le Sang du Christ à la sacristie, où ils sont conservés depuis la messe de la veille. Le prêtre vient alors devant l'autel pour vénérer et baiser la croix. Puis, après la récitation du Pater, tous adorent la croix et communient. On ignore quels chants pouvaient accompagner l'adoration de la Croix, mais la présence du Trisagion et de l'antienne Crucem tuam, traduite du grec, dans les antiphonaires postérieurs témoigne incontestablement d'une influence byzantine, comme d'ailleurs le fait de communier en ce jour du grand jeûne.
Évolution ultérieure.
Au VIII° siècle, l'hommage à la Croix était entré dans la liturgie papale. L'Ordo d'Andrieu décrit la procession du Latran à Sainte-Croix, dans laquelle le pape marchait, en tenant l'encensoir à la main, devant la relique de la Croix portée par un diacre, selon un usage plus oriental que romain. A l'arrivée dans la basilique sessorienne, on commençait par la vénération du bois de la Croix, puis on célébrait la liturgie de la parole. Il n'y avait pas de communion.
Dans les pays francs, c'est l'ordonnance des églises presbytérales de Rome qui devait s'imposer: liturgie de la parole avec la lecture de la Passion et l'Oratio fidelium, adoration de la croix, communion de l'assemblée au Corps et au Sang du Christ. Au milieu du X° siècle, le Pontifical de Saint-Alban de Mayence décrit dans tous ses détails le déroulement du rite. Avec le XIII° siècle intervient une modification importante : désormais seul le prêtre célébrant communie, après avoir mêlé une parcelle de l'hostie avec du vin non consacré dans la coupe, vestige de la croyance ancienne, réprouvée par Innocent III, en la "consécration par contact".
Il en sera ainsi jusqu'en 1955. Durant tout le moyen âge on constate l'anticipation progressive de la célébration. Au XVI° siècle, elle est fixée au matin.
Le samedi saint.
Le samedi saint, le Grand Samedi, comme l'appellent les chrétiens d'Orient, honore le repos de Jésus dans le tombeau, mais aussi sa descente aux enfers, sa mystérieuse rencontre avec tous ceux qui attendaient que s'ouvrît la porte du ciel, comme l'enseigne l'apôtre Pierre (1P 3,19-20 ; 4, 6). C'est une journée de recueillement dans la paix et dans l'attente. Aux premiers siècles, la caractéristique essentielle de ce jour était le jeûne absolu, qui constituait la première phase de la célébration pascale. Plus tard, on convoqua les catéchumènes dans la matinée pour la "reddition du symbole" qui leur avait été transmis durant le carême, c'est-à-dire la proclamation publique de leur foi devant l'assemblée des fidèles. Saint Augustin en a laissé une description vivante.
En dehors de l'office quotidien du matin et du soir, l'Église n'a jamais voulu instituer de célébration spécifique pour honorer le séjour du Christ au tombeau. Malheureusement l'anticipation progressive de la veillée pascale devait combler de plus en plus ce vide si éloquent. Lorsqu'à partir du XVI° siècle on célébra la veillée pascale le matin, on entendit les cloches de Pâques carillonner dès la matinée du samedi. Celui-ci perdait dés lors toute sa signification originelle. L'un des bienfaits de la réintégration de la veillée sainte dans la nuit a été de rendre le samedi saint à sa signification première.
Le dimanche de la Résurrection.
Primitivement la solennité pascale tenait dans la veillée sainte, qui ne s'achevait que juste avant l'aube. Très tôt pourtant on voulut en prolonger la festivité tout au long de la journée du dimanche, si chargée de souvenirs, depuis le message de l'Ange aux femmes porteuses de parfums jusqu'à la manifestation du Ressuscité au milieu des dix Apôtres au seuil de la nuit. On ne s'étonnera pas de ce que cette célébration du dimanche ait commencé à Jérusalem, comme en témoigne Egérie. Mais il convient d'en dégager les composantes.
La Messe.
La seconde Messe pascale, celle du jour, est déjà attestée en Afrique au temps de saint Augustin, qui ne manque pas de faire l'homélie malgré la fatigue de la nuit. Attestée aussi par Hésychius de Jérusalem et Basile de Séleucie, il ne semble pas qu'elle soit apparue aussi tôt à Rome. Saint Léon le Grand se contente de prêcher durant la nuit sainte. Au VII° siècle, sacramentaire et évangéliaire en donnent les textes.
La catéchèse mystagogique.
Le dimanche de Pâques ouvre l'octave pascale, consacrée à la catéchèse mystagogique des néophytes, mais aussi du peuple tout entier, comme on le voit chez Egérie et chez saint Augustin.
Les Vêpres romaines de Pâques.
Jérusalem connaissait au IV° siècle une célébration de l'après-midi. Au VII° siècle apparaissent à Rome les vêpres pascales. Le Sacramentaire grégorien en donne les oraisons, mais c'est l'Ordo, du VIII° siècle, qui en fait la description détaillée. Les nouveaux baptisés sont convoqués avec le peuple dans la basilique du Latran pour l'après-midi. Les Vêpres commencent par la procession d'entrée du clergé au chant du Kyrie eleison. On chante ensuite les psaumes 109 et 110 ; ils sont suivis du psaume responsorial 92, puis du psaume 111 ; le tout est entrecoupé de multiples alléluias. Toute l'assemblée se rend alors en procession au baptistère au chant du psaume 112, qui est suivi du psaume responsorial 92, mais chanté cette fois en grec. Dans le baptistère on chante le psaume 113 et le Magnificat. La procession se dirige ensuite vers la chapelle de la sainte Croix au chant du Vidi aquam. C'est là que, durant la nuit, le pape avait donné la confirmation. La fête s'achève pour le clergé sous le portique de la chapelle où trois sortes de vin lui sont servies. L'Ordo du XII siècle ajoute que la schola exécute alors un tropaire pascal en grec, qui se termine par une prière pour le pape 53 Les prêtres se rendent ensuite dans leurs églises respectives pour y chanter à nouveau Vêpres et faire la distribution de vin.
Avec la diffusion de la liturgie papale, le "glorieux office" des Vêpres de Pâques, qui faisait au IX° siècle l'admiration d'Amalaire se diffusa dans tout l'Occident Mais, tandis qu'il disparaissait à Rome au XIII° siècle avec la liturgie stationnale, il s'est maintenu jusqu'à nos jours en de nombreuses églises de France et des pays germaniques.
Les développements médiévaux.
Le matin de Pâques est marque au moyen âge par de nombreux usages. Au IX° siècle, tous ceux qui vont participer à l'office de la fin de la nuit "se saluent avec une charité mutuelle, en disant : Surrexit Dominus vere". Entre la vigile et les Laudes on transporte en procession la croix ou la Réserve eucharistique du sépulcre, où on l'a déposée le vendredi saint, jusqu'à l'autel majeur. C'est là aussi que prend place en de nombreuses églises cathédrales ou monastiques de France, d'Angleterre, d'Allemagne et d'Espagne l'Officium sepulcri, la mise en scène de la rencontre des Anges et des femmes devant le tombeau vide.
Au début de la matinée, au XII° siècle, le pape se rendait dans l'oratoire du Sancta Sanctorum, proche de ses appartements du Latran pour y vénérer l'Icône du Christ Sauveur et annoncer aux membres de sa maison : Surrexit Dominus de sepulcro. Tous venaient après lui vénérer l'image sainte, puis le cortège papal partait pour Sainte-Marie Majeure, où était célébrée la messe.
Il faut rattacher aussi à la liturgie du dimanche de Pâques la bénédiction de l'agneau pascal, attestée en pays franc au VIII° siècle et en Italie au IX°. Elle avait lieu avant le Per quem haec omnia de la fin du Canon. On bénissait aussi divers aliments selon les usages locaux.
Le rafraîchissement, qui marquait la fin des Vêpres au Latran, n'avait pas été négligé par les chanoines des pays transalpins. La réjouissance se poursuivit même en danses, dont les chanoines esquissèrent des pas fort avant dans le moyen âge et, ici ou là, en certaines églises, jusqu'au XVIII° siècle.
La célébration du triduum pascal.
Le jeudi saint.
L'Ordo de 1955 a profondément modifié la physionomie du jeudi saint, telle que l'avait dessinée la piété de l'époque post-tridentine. La messe étant alors célébrée le matin, la journée du jeudi était consacrée à l'adoration de l'eucharistie. Le rite secondaire du transfert du Corps du Christ au lieu de sa réservation jusqu'au lendemain avait pris une importance disproportionnée, l'autel de la Réserve était devenu le "reposoir", que l'âge baroque s'était plu à orner d'une profusion de luminaire et de fleurs. La "visite des reposoirs" d'une même ville étaient de tradition pour les personnes pieuses et les enfants.
L'Ordo de 1955.
En 1955, la Messe en mémoire de la Cène retrouve sa place initiale au soir du jeudi saint. La journée du jeudi saint n'était plus marquée dès lors, en dehors des cathédrales, par aucun rite spécial, sinon le chant de l'office choral avec la lecture des Lamentations attribuées au prophète Jérémie. Dans sa cathédrale, l'évêque, entouré des prêtres, célébrait au cours de la matinée la messe chrismale, dont les formulaires avaient été puisés dans le Sacramentaire gélasien. Pour souligner le lien établi par le Seigneur lui-même entre l'institution de l'eucharistie et le commandement du service fraternel, le nouvel Ordo proposa de célébrer le lavement des pieds après la liturgie de la parole de la messe du soir. Quant au lieu de la Réserve eucharistique, il ne devrait recevoir désormais qu'une décoration discrète. Les fidèles pourraient y prolonger leur adoration jusqu'au milieu de la nuit.
L'Ordo de 1970.
Le Missel de 1970 conserva l'ensemble des innovations de 1955. Son effort de rénovation porte sur les textes auxquels on n'avait pas touché quinze ans plus tôt. Les deux lectures de saint Paul et de l'évangile de saint Jean sont précédées par le récit de la manducation de l'agneau au soir de la Pâque juive (Ex 12, 1-14) Cette page de l'Ancien Testament, qui tient une place majeure dans la catéchèse pascale des Pères aux tout premiers siècles, constitue désormais le prologue des lectures bibliques du sacratissimum triduum En ce qui concerne les prières, la collecte est nouvelle, les autres proviennent de sources anciennes. La prière sur les offrandes est celle du Missel antérieur, au 9° dimanche après la Pentecôte, et la prière après la communion est gallicane. La préface, empruntée au Missel parisien de 1738, avait été composée à partir des missels gallicans du VIII° siècle. Mais, plus que les textes nouveaux, il y a deux rites qui, sans être propres au jeudi saint, peuvent en modifier profondément la célébration. Ce sont la concélébration de tous les prêtres de la paroisse et la possibilité offerte aux fidèles de communier à la coupe du Seigneur, comme le firent les Apôtres.
La liturgie des Heures demeure jusqu'aux Vêpres celle d'un jeudi du carême, sans autre caractéristique propre que la lecture d'un passage de l'Homélie pascale dans laquelle Méliton de Sardes célèbre avec lyrisme l'immolation de l'Agneau sans défaut et sans tache.
Le vendredi saint.
Avant 1955, l'office du vendredi saint était célébré le matin, tandis que l'après-midi était consacré au Chemin de la croix et le soir au sermon sur la Passion. L'Ordo de 1955 a fixé l'office de "la Passion et la Mort du Seigneur" à l'après-midi ou aux heures de la soirée et il a permis à l'assemblée de participer à l'eucharistie, tout en simplifiant le rite de la communion.
L'Ordo de 1970 rend au vendredi saint son titre ancien : In Passione Domini. Comme pour le jeudi saint, les changements ont porté surtout su les textes. Les deux lectures qui précédaient celle de ta Passion selon saint Jean étaient une prophétie d'Osée (Os 6, 1-6) et le récit de la manducation de l'agneau pascal (Ex 12, 1-11). Le premier texte ne concernait la mort et la résurrection du Seigneur que dans une relecture chrétienne et le second a été transféré à la messe in Cena Domini. On lit désormais à leur place le Chant du Serviteur souffrant (Is 52, 13-53, 12) et une page de la Lettre aux Hébreux sur le caractère sauveur de la mort de Jésus (He 4, 14-16 ; 5, 7-9). Dans l'antique Oratio fidelium, on a réparti les diverses intentions selon l'ordre proposé pour la Prière universelle et on a modifié certaines formules dans l'esprit de Vatican II ( prières l'unité des chrétiens, les Juifs, les infidèles). On a ajouté, en pensant surtout aux Musulmans, une intention pour ceux qui croient en Dieu sans croire au Christ. La Liturgie des Heures ne présente pas de modification cérémonielle pour le vendredi et le samedi saint.
Le samedi saint.
Le samedi saint ne comporte aucune assemblée en dehors de la célébration quotidienne des Heures. Psaumes et antiennes proviennent de l'ancien office. La signification spirituelle du "saint et grand Sabbat", du repos du Christ dans la mort et de l'annonce de la gloire prochaine à la descendance d'Adam, est mise en lumière dans la lecture patristique. On trouve dans cette homélie, attribuée à saint Épiphane de Salamine (V° siècle), la théologie de la descente du Christ aux Enfers présentée sous la forme dramatisée propre aux liturgies de l'Orient. Le thème reparaît avec une sobriété plus grande dans l'oraison de jour, qui est nouvelle.
Le dimanche de Pâques.
La liturgie du dimanche de Pâques n'avait pas été touchée par la réforme de la semaine sainte, sinon du fait de la suppression des Matines et des Laudes en 1951, les deux offices avaient été supplantés en totalité par la veillée pascale ; en 1952, on introduisit à la fin de la veillée une forma brevior de Laudes.
La liturgie des Heures de 1970 restaure les Laudes pascales comme louange du matin après le repos qui a suivi la veillée sainte. Celles-ci constituant l'unique office de la nuit pascale, le dimanche de Pâques a la caractéristique d'être le seul jour de l'année qui ne possède pas de lecture patristique.
A la Messe de la matinée, on lit le récit de la découverte du tombeau vide par Pierre et Jean (Jn 20, 1-9). Cette lecture s'insère harmonieusement entre l'annonce de la Résurrection, faite aux femmes par l'Ange dans l'évangile de la veillée, et la manifestation de Jésus aux disciples d'Emmaüs, proposée pour la messe éventuelle du soir. La liturgie de la parole s'ouvre sur le message pascal de Pierre (Ac 10, 34... 43). Avec ce texte commence la lecture des Actes des Apôtres, qui se poursuivra jusqu'à la Pentecôte. On a ensuite le choix entre la page de saint Paul qui rattache la Pâque du Christ à la Pâque juive (1Co 5, 6-8) et celle où il rappelle aux chrétiens qu'ils doivent vivre en ressuscités (Col 3, 1-4). C'étaient précédemment les épîtres du dimanche de Pâques et de la veillée sainte.
Les prières de la messe ont toutes subi des modifications. La collecte et la préface ont retrouvé (avec une retouche pour la première) leur rédaction primitive. La prière sur les offrandes était précédemment celle du mercredi de Pâques. Quant à la prière après la communion, qui reprenait dans l'ancien Missel le texte de la nuit, elle provient de la liturgie ambrosienne.